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Doom: The Dark Ages - Trailer de lancement officielPeut être avez vous déjà entendu la « phrase », c’est un bon jeu vidéo mais pas un bon « insérer nom d’une franchise ». Alors commençons d’emblée par remettre l’autel sacrificiel au cœur de la cathédrale démoniaque : ce n’est pas à nous de décider ce qu’est une franchise mais bien aux créatifs aux manettes du développement d’une nouvelle instance de la dite franchise. Et donc à ID Software de décider ce qu’est le Doom Guy. Si nous avons choisi par commencer cette critique par ce rappel c’est parce que Doom The Dark Ages choisi délibérément, à plusieurs moment de sa campagne principale, de s’éloigner de ce à quoi cette ancestrale franchise de jeu vidéo nous avait habitué. Ce qui n'en fait pas un mauvais jeu...
Mélangeant Dark Fantasy et Science Fiction, les différents niveaux de The Dark Ages brillent par la nouvelle itération du moteur de maison, l’ID Tech8. Nous avons pu tester ce nouveau Doom sur PC mais aussi sur Xbox et dans les deux cas, cette nouvelle version du Slayer impressionne techniquement. Tout tourne parfaitement en ultra, en 4K, à plus de 150 fps sur un gros PC sans le moindre drop. La fluidité est au rendez vous. La direction artistique rend l’aventure encore plus belle, les éclairages, les particules laissés sur votre passage suite aux explosions et aux destructions que vous causez sont réellement impressionnantes.
Massacrament
Dans Doom : The Dark Ages, exit les bases martiennes et les téléporteurs de l’UAC. Bienvenue dans un royaume médiéval aussi poisseux qu’un vieux grimoire corrompu, ravagé par des hordes démoniaques bien décidées à repeindre les remparts avec vos tripes. Et comme si ça ne suffisait pas, l’aventure pousse ensuite la porte d’un panthéon cosmique qui ferait passer Lovecraft pour un poète de jardin. Forêts tordues, cathédrales maudites, temples en ruine : chaque recoin suinte la damnation et invite à une exploration des plus glauques mais malheureusement pas toujours grisantes mais nous y reviendrons.
The Dark Ages introduit plusieurs phases extrêmement spectaculaires avec l’Atlan Mech : un mécha de 30 étages permettant de combattre des démons géants dans des séquences épiques où l’on prendra plaisir à réduire en miette des éléments du décor que l’on pensait gravé dans le marbre lorsqu’on les parcourait en tant que Slayer mais qui paraissent ridiculeusement minuscules et fragiles à bord de notre Metal Gear ! Mais on trouve aussi le Dragon cybernétique : un allié volant équipé de mitrailleuses lourdes, offrant des combats aériens que l’on a trouvé malheureusement très peu engageants.

Si le spectacle et la mise en scène sont de réelles réussites, on ne peut malheureusement pas en dire autant des boucles de gameplay de ces phases précises, pour le dragon comme pour le mécha. Ces deux phases consistent à esquiver des attaques, avec la touche espace si vous êtes plutôt clavier/souris comme votre serviteur, et d’attaquer d’un clic. Et c’est à peu près tout. Pour un jeu qui nous a habitué au combat frénétique au corps à corps à la bande son tout droit sortie de Clissons en Loire Atlantique (les vrais auront la ref’), eh bien le contre-pied est parfait mais nous a malheureusement beaucoup déçu.
Pondérons toutefois avec deux faits très simple. Premièrement ces phases n’occuperont pas en termes de temps de jeu, même combinées, 20 % des 22 chapitres que comptent la campagne principale. Deuxièmement, les phases à bord du Titan restent finalement assez courtes et même si le gameplay n’est pas engageant, on passe vite à autre chose. Les phases à dos de dragon, en revanche, nous ont paru interminables.
Tuer et laisser pourrir
Le bestiaire est quant à lui très fourni et réussi. Il répond généralement à la même règle. On introduit un nouvel ennemi très énervé aux côtés des trash mobs, puis on l’intègre progressivement comme un ennemi récurent venant pimenter les phases de combats. Ces dernières étant, vous vous en doutiez, très nombreuses. Et pour se défaire de tout ce beau monde, DOOM: The Dark Ages vous offre un nombre incalculable d’armes et d’outils tous plus violents les uns que les autres et qui ne cesseront d’évoluer jusque la toute fin de votre aventure.
La plus marquante qui est un peu l’identité de ce nouveau Doom est son bouclier tronçonneuse. Celui-ci vous servira d’une part à bloquer les coups, à réaliser des parades au timing précis pour renvoyer les attaques marquées en vert, vers l’ennemi l’ayant déclenchée. Mais le bouclier permet également via un clique droit puis clique gauche, de se téléporter vers un ennemi. Et c’est là que la danse du Slayer revient. On se servira de cette attaque comme un grapin pour gérer la distance, la vie et les munitions. Je me bats contre un ennemi sérieux, je n’ai plus de munitions, je fonce à l’autre bout de l’arène grâce à ce move en visant un trashmob que je one shot, récupérant ainsi un peu de munition et de santé et boom, je retourne au combat.
La parade ajoute une dimension technique aux combats et la fenêtre pour la placer variera selon le mode de difficulté choisi - qui n’aura que faire de vos émotions de gamers et vous jugera comme d’habitude.

Évidemment le bouclier n’est pas la seule arme, loin de là. Le nombre d’armes disponibles est ahurissant et il se renouvellera tout au long de votre aventure comme dit précédemment. Certaines d’entre elles nous rappellent que l’on incarne le slayer. Nous pensons notamment au broyeur de cranes qui est, en termes techniques, une véritable prouesse. On y voit les cranes qui servent de munitions se faire broyer en direct lorsqu’ils entrent la chambre du chargeur de l’arme. Impressionnant.
Savoir jongler entre toutes les armes à disposition est un plus pour profiter de toutes les munitions dont l’on dispose et qui ne sont pas partagées par les types d’armes. C'est même primordial dans les niveaux de difficultés les plus hauts.

Ces armes peuvent d’ailleurs être améliorées et leurs effets ainsi optimisés. Pour cela vous trouverez dans les différents niveaux de l’or, des rubis et des pierres d’esprits. L’or est la récompense de l'exploration des niveaux qui se révèlent finalement très ouverts, avec de nombreux secrets à découvrir. Les rubis se gagnent généralement en trouvant et relevant des défis au sein du niveau, comme battre un adversaire d’élite. Et les pierres d’esprit via des défis globalement plus corsés, que ce soit en termes de combats ou en termes d’énigmes.
Car oui Doom : The Dark Ages demande énormément d’exploration et réflexion pour comprendre tout ce que cache le level design des mondes que l’on parcourt. Et nous avons trouvé cela hors de propos à de nombreuses reprises. Si certaines pièces secrètes sont ingénieuses et nous demandent de bien maîtriser notre arsenal - comme le fait de s’accrocher au plafond avec le bouclier pour traverser une cloison plus bas, d’autres ont eu tendance à nous endormir. A titre d’exemple, vous trouverez dans plusieurs niveaux une énigme avec des statues de loups que l’on doit dénicher dans la zone ouverte. Une énigme classique du jeu vidéo. Eh bien, on est parfois resté 25 minutes sur une statue manquante, à retourner un niveau vidé depuis longtemps de tous ses ennemis. Ce n’est pas vraiment sur ces phases que le jeu brille, loin de là.

Bien sûr, ce ne sont pas des objectifs principaux mais du contenu annexe. Toutefois pour rester à niveau, il est bon de récupérer ces éléments pour les échangers contre des améliorations d'armes, du bouclier, et autres objets de mêlées, à l’autel sacrificiel que l’on retrouvera plusieurs fois par niveau - une sorte de magasin in game. Pas si annexe que ça...
Une fois vos armes maxées et votre arsenal prêt, l’essence de Doom est là. Des combats brutaux desquels sont modifiés les Glory Kills qui indiquent désormais avec un halo violet les ennemis vulnérables, offrant plus de liberté dans les attaques. Vous sautez sur ces ennemis affaiblis pour les finir et les découper au tronçobouclier par exemple, enchaîner sur une parade d’un ennemi environnant pour générer une nouvelle charge d’attaque de mêlée et finir les autres au fléau. Après une dure journée de boulot, c’est un régal.

Si votre serviteur n’est absolument pas un metalleux, Doom est aussi un langage du son et The Dark Ages l’a bien compris. Fini les riffs industriels ultra-saturés de Mick Gordon, place à une partition hybride signée Finishing Move, un duo déjà rodé sur The Outer Worlds et Borderlands 3, qui injecte ici une dose de sacré dans la sauvagerie. Le mélange est explosif, il apporte du metal médiéval, des chants gutturaux, des tambours de guerre tribaux et des cordes grinçantes qui épousent les gouttes de sang versées à l’écran.
Quand le Slayer fracasse une abomination à coups de fléau, le mix s'emballe, les guitares se déchaînent, et le tempo colle littéralement aux combos. À l’inverse, dans les, parfois trop longues, phases d’exploration (comprendre : avant la prochaine boucherie), la musique se fait plus rampante, presque religieuse, comme une liturgie de l’apocalypse en train de s’écrire.
Mais le plus impressionnant, c’est la façon dont la bande-son réagit au gameplay. Les finishs relancent une montée en puissance, on n’est plus seulement en train de jouer on dirige un orchestre de mort. Et quand les chœurs démoniaques s’en mêlent, sur fond de double pédale infernale, on touche à quelque chose de mystique. Brutalement mystique.
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DOOM The Dark Ages : un événement spécial se prépare à Nantes pour la sortie du jeuAvec DOOM: The Dark Ages, id Software prend un virage audacieux, en enfonçant les deux bottes dans un univers de dark fantasy crasseux et sacrifié. Loin de la nervosité fulgurante qui avait fait de DOOM Eternal un chef-d’œuvre de violence chorégraphiée, le Slayer est plus lourd, plus bestial, plus ancré dans la terre et le sang.Techniquement, c’est une démonstration. L’id Tech 8 crache ses particules à +150 fps sans broncher, et chaque zone visitée regorge d’un travail artistique qui mérite qu’on s’y attarde même si l’exploration, justement, manque parfois d’intérêt ou casse un peu le rythme. Côté gameplay, les combats restent d’une efficacité redoutable, en particulier grâce à des armes bien pensées.Mais The Dark Ages n’est pas le meilleur DOOM depuis le reboot de 2016. Il lui manque cette énergie animale et cette nervosité pure qui faisaient de DOOM 2016 mais surtout d’Eternal, des uppercuts constants.Certains choix de mise en scène comme les phases en dragon ou en mécha impressionnent visuellement mais s’avèrent pauvres manette en main. Et l’exploration trop mise en avant ralentit parfois un tempo qui, dans cette série, devrait rester au seuil de la crise d’adrénaline.Reste toutefois, un très bon jeu, un DOOM différent, qui a le mérite de tenter autre chose. Plus contemplatif, plus technique, mais parfois moins jouissif. Pas le meilleur de la saga moderne, non. Mais une pierre intéressante dans le mausolée sanglant qu’id Software continue d’ériger.